C'était son rituel a Lottie de venir boire quelque chose de chaud à sa débauche. Tout dépendait de son humeur, thé, café, chocolat chaud ça pouvait varier d'une heure à l'autre, elle pouvait partir du travail avec une envie de chocolat, et arriver au café en décidant de prendre un thé. Elle aimait bien venir ici Lottie avant de rentrée chez elle. En général elle y passait la fin de journée, elle rentrait chez elle peut avant la tomber de la nuit. Elle n'aimait pas trop traîner la nuit toute seule en ce moment, et si jamais ça lui arrivait de rentrée quand il faisait noir quelqu'un la raccompagnait ou elle se pressait a rentrée en vérifiant toutes les cinq minutes derrière elle. En venant au café elle prenait toujours un livre chez elle pour lire tranquillement. C'est vrai qu'elle pouvait lire chez elle, mais entre les cris, les pleurs et les crises de colères des enfants que ses parents accueillaient elle n'était jamais vraiment tranquille. Lottie, elle les aimait bien les enfants qui étaient là, mais de temps à autres elle a besoin de tranquillité. C'est pour ça qu'elle vient ici, parfois pour lire quand elle pensait à prendre un livre, parfois pour tout simplement être au calme. En arrivant au café elle remarquât pour une fois qu'il n'y avait pas grand monde, elle se commandât un chocolat chaud aujourd'hui, tout en discutant un peu avec la personne au bar qui travaillait. Ils avaient l'habitude de la voir ici Lottie, tellement l'habitude que sur son chocolat chaud il y avait toujours un petit supplément de chantilly, comme elle aimait. Lottie s'installât a une table dans un coin du café tout en ayant vu sur la rue. Elle prit sa tasse entre ses deux mains comme pour se réchauffer tout en regardant autour d'elle, observant les couples amoureux, les gens travaillant sur ordinateur, les jeunes qui finissaient les cours et qui venait comme elle prendre une boisson chaude avant de rentrée. Et puis elle commençât à lire, tout en écoutant de la musique histoire d'être coupé de tout. Et dans ce moment là, elle était dans une véritable bulle. Peut importe le monde qui rentrait dans le café, peut importe ce qu'il se passait autour d'elle, rien ne pouvait la déconcentrer.

Encore une journée au old book. L’odeur des livres qui embaumait les narines des acheteurs. L’endroit parfait pour les amoureux de la lecture. Le seul endroit où notre ex-taulard était vraiment heureux. Que ce soit dans le rayonnage de grands auteurs tels que Hemingway, Brontë ou Austen, ou dans la littérature plus frissonnante comme le roi King, il était à sa place. Même s’il avait encore du mal à comprendre pourquoi Andres l’avait pris, il savait qu’il n’aurait jamais pu s'investir plus qu'ici. Il connaissait les 3/4 des livres… En même temps, il faut dire que la bibliothèque assez fournie de la prison n’avait plus de secret pour lui. Il était donc le candidat presque idéal pour ce poste. Cependant, il était temps pour lui de rentrer. Le moment qu’il aimait le moins. Ce sentiment de bonheur qui se transformait en désespoir, voir en horreur. Déjà un an qu’il était sorti de prison et pourtant, il était toujours la bête noire en ville. Encore plus depuis les meurtres, il était le coupable parfait. Même avec un alibi.Enfin bref, c’était son quotidien maintenant. Andres étant parti depuis longtemps, c’était à lui de fermer la boutique. Les clés à la main, il monta sur sa moto. Son petit bijou. La seule chose à laquelle il tenait le plus… En dehors de sa sœur… Évidemment. Le vrombissement résonna dans toute la rue, attirant les regards des passants… Toujours haineux, pour ne pas changer. Le vent dans les cheveux, l’esprit libre, il se déplaça en silence dans la ville qui l’avait vu naître. Sans doute plus la sienne depuis longtemps. Pour être honnête, si sa sœur n’avait pas vécu ici, il aurait pris le large depuis bien longtemps. L’Europe était un rêve qui s’éloignait de plus en plus. Alors qu’il s’imaginait déjà sous la Tour Eiffel, son regard se porta vers un café de la ville. Un visage bien connu était plongé dans un livre. Il n’hésita pas une seconde et se gara avant d’entrer dans le café. Ce qui était drôle, c’était qu’il avait rencontré la brune dans ce même café deux ans en arrière. Il commanda des puncakes et un café et s’installa en face d’elle sur la banquette. « Salut. » Aucune réponse. Pire qu’un vent. En même temps avec des écouteurs et un bon livre, elle ne risquait pas de l’entendre. Il se leva et attrapa l’oreillette. « Par pitié, ne me dis pas que c’est Christian Grey qui te fait autant d’effet ? » dit-il avant de reprendre sa place.

Plus les semaines passaient, plus Lottie essayait de continuer sa petite vie. Mais c'était compliqué parfois de faire semblant devant les gens. Lottie, les gens se souvenaient qu'elle traînait souvent avec Harry, enfin qu'elle était d'ailleurs constamment avec Harry. Et depuis l'évènement on lui posait souvent des questions, comment allait-elle, avait-elle des information sur un éventuel coupable ou si elle avait des informations sur l'enquête. Bien sur que Lottie avait été convoqué plusieurs fois au commissariat, mais elle n'avait aucune idée des avancés de l'enquête. Et à chaque personne qui lui posait ce genre de question, Lottie avait envie de leur crier au visage. C'était déjà suffisamment douloureux cette histoire pour elle. Et elle ne supportait pas le regard de la pitié des gens. C'est pour ça qu'en général elle se plaçait dans un coin dans le café. Lottie pouvait voir tout ça qu'il s'y passait, mais dans le sens inverse c'était plus compliqué. C'était sa place favorite, même avant les évènements. Elle ne faisait vraiment attention à rien autour d'elle aujourd'hui Lottie. Pourtant il y avait des va-et-vient dans ce café, des personnes qui consommaient sur place, d'autre à emporter. Tellement de va-et-vient, et tellement dans sa bulle qu'elle ne remarquât même pas que quelqu'un c'était installé à sa table. Elle leva la tête à partir du moment ou l'oreillette dans ses oreilles fut retirée laissant à la place une voix qui ne lui était pas inconnu. Rule. "Non c'est pas lui. Mais remarque lui il répond aux messages qu'il reçoit!" Petite piqure de rappel? Oui, Lottie lui en voulait, elle qui ne l'avait jamais jugé, qui voulait être là pour lui pendant qu'il était en prison. Elle lui avait écrit un tas de lettre, sans jamais une réponse de sa part. Et à sa sortit, il était réapparut comme une fleur vers elle. Oui, Lottie est un poil rancunière! Elle ne lui prêtât pas plus attention que ça. Elle voulait finir son chapitre avant tout. "Il n'y avait pas assez de table pour que tu viennes t'installer ici?" Finit-elle par lâcher avant de poser son livre sur la table.

Cette fille, elle avait un truc en plus. Une lumière dans l’obscurité. Un soleil dans la nuit. Lorsqu’ils s’étaient rencontré dans ce même café, deux ans auparavant, elle lui avait tout de suite tapé dans l’œil sans qu’il sache vraiment pourquoi ? Elle était loin des filles qu’il l’attirait. Bien trop calme. Bien trop tranquille. En même temps, avec la vie qu’il menait, il avait un penchant pour les filles de petites vertus. Capable de se dévêtir pour un oui ou pour un non. Mais, Lottie, elle avait attiré son regard. Sans doute, parce qu’elle venait toujours dans ce café. Ou peut-être son goût pour la littérature. Ou tout simplement que sous ses airs de fille timide, elle était une jolie femme… Mais, bon, elle était hors de sa portée. Et puis, elle était en couple. Enfin, il y avait eu la prison. Elle l’avait tant soutenu, et il l’avait mis de côté. En même temps, il aurait dû y rester dix ans. Comment, lui demander d’attendre ? Mais, ça il ne pouvait pas lui dire. C’était plus simple de la laisser, le haïr. Il suffisait de voir son regard, lorsqu’elle le reconnut. Son ton cassant. C’était un maigre prix à payer pour pouvoir profiter de sa compagnie. Sans gardes autour pour les surveiller. Même ses petites piques étaient un plaisir. Il ne put s’empêcher de sourire alors qu’elle ne prit même pas la peine de lever la tête de son livre. Il prit donc son téléphone et lui envoya un sms. « Ce soir, viens sans culotte et avec un fouet Christian. » Bon, il avait peut-être lu le livre en prison. Heureusement, car il avait arrêté de compter le nombre de femmes qui venaient lui demander un exemplaire et un avis à la librairie. Elle posa enfin son livre, en lui lançant encore un reproche. Il regarda autour de lui, où plusieurs banquettes étaient libres. « Hum… Tu sais, c’est l’heure de pointe et toutes les places sont prises… Désolé, tu vas devoir me supporter... » dit-il avec un large sourire avant de s’installer confortablement. Il regarda le téléphone de la jeune femme posée sur la table et le désigna d’un hochement de tête. « Tu devrais regarder ton téléphone, je crois que le prince charmant t’envoie un sms... » Il continua de sourire avant de continuer la conversation comme si de rien était. En même temps, il faisait ça depuis six mois. Depuis, qu’il essayait de se faire pardonner mais qu’elle l’envoyait bouler. « Et sinon merci je vais bien et toi ? »

Lottie ne savait pas vraiment quoi penser de cette situation. Elle était contente de le voir, Rule, parce qu'il faut qu'on se le dise elle l'aime bien dans le fond. Elle ne savait pas pourquoi, mais c'est comme ça, elle l'aime bien. Ils en avaient passé des heures dans le fond de ce café à se voir. D'une rencontre hasardeuse, c'était devenu comme une habitude de les voir tous les deux ici à parler autour d'une boisson chaude. Ils avaient appris à se connaitre ici, à constater qu'ils étaient si différents l'un de l'autre. Bien sur que Lottie avait fait quelques petites infractions, mais ce n'était rien de comparable à celle de Rule. Et malgré ça, connaissant son histoire, ou du moins de ce qu'il lui avait raconté Lottie lui avait donné sa chance, car pour elle toute personne à quelque chose de bon en elle. Et elle en était persuadée, Rule était quelqu'un de bien. Au fond d'elle, Lottie était bien contente de le revoir, de revoir son joli sourire, d'être en sa compagnie. Mais il l'avait blessé. À ses yeux c'était une personne de plus pour qui elle avait de l'affection qui l'avait abandonné du jour au lendemain. Pourtant elle lui avait donner plusieurs chances à Rule,dans ses lettres. Mais sans aucune réponse elle avait abandonné l'affaire, ce disant que de toute façon ils étaient tellement différents qu'à un moment ou un autre cela allait arriver. "Ouais je vois ça en effet.. Bon bah puisque c'est comme ça, tu m'en voudras pas de te prendre un puncakes." Elle finit par lui lancer un demi-sourire. Il la déstabilisait, elle le savait. Mais elle voulait rester crédible devant lui. Elle avait qu'une envie c'était de lui sauter au bras et de lui dire à quel point il lui avait manqué. Mais c'était tellement facile. Non, Lottie elle voulait des excuses, des vrais. Pas un simple pardon. Elle avait fini par regarder son portable qui avait vibré en même temps que Rule lui avait dit de le regarder. "Désolé, Mlle Steele n'a pas le droit de sortir le soir quand il fait nuit" Oui Lottie avait les références de ce livre. Elle doit bien faire partie de ce nombre incalculable de jeune fille ou de femme qui avaient dévoré le livre. "Erreur de numéro je crois, ou le prince charmant à du se tromper de princesse." Elle savait très bien que c'était lui qui venait de lui écrire, elle c'était quand même entêter à garder son numéro. Et puis il venait juste avant de lui parler des mêmes références. Elle rigolait à l'intérieur d'elle, et s'amusait de la situation un peu. "Et bien écoute, on fait comme on peut, mais ça va." Elle lui prie un autre puncake tout en le fixant dans les yeux et lui adresser cette fois-ci un véritable sourire avant de le manger "Au final, tu as bien fait de venir. J'avais un petit creux."

Cette fille avait vraiment un truc en plus. Sans qu’elle s’en rende compte, elle attirait les regards. C’était ça le plus beau. Cette insouciance de son pouvoir. C’était déjà ça qui l’avait attiré deux ans en arrière. Et même après son retour, il ne pouvait pas rester loin d’elle. Pourtant, il aurait dû. C’est vrai, elle devait déjà se reconstruire après la mort de son petit-ami, et on ne pouvait pas vraiment dire qu’il l’aidait. L’agaçait, ça oui, c’était même une certitude. Un livre était plus important que lui. Mais, il n’avait pas dit son dernier mot. Ou plutôt, il n’avait pas joué sa dernière carte. L’humour. Ce n’était pas une facette de lui qu’il montrait à tout le monde. En réalité, sur cette terre, peu de personne savait qu’il était un petit clown. Toujours à vouloir amuser la galerie. Toujours la blague qui allège la conversation. Et l’une de ses personnes était assise devant lui. Il était un homme persistant et il réussirait à se faire pardonner… Même s’il ne le méritait sans doute pas. Mais, pour l’instant, elle semblait se laisser aller avec lui. Même à lui voler sa nourriture. Heureusement, qu’il n’était pas du genre à faire une crise pour une frite. Elle laissa même échapper un demi-sourire, mais c’était mieux que rien. Pendant, qu’elle regarda son téléphone, il en profita pour recommander à manger. Les pancakes, c’était la vie. Et il venait déjà en perdre une. Mais une de perdu dix de retrouver, non ? Il la laissa répondre, et instantanément un ding se fit entendre. Pas très discret. Le message s’afficha et il ne put s’empêcher de sourire comme un gamin le jour de Noël. Il prenait tout ce qu’elle avait à lui offrir. Même une petite miette. Pourtant, il eut un pincement au cœur, lorsqu’elle lui répondit. Est-ce qu’elle savait qu’elle mentait très mal. Il la laissa prendre une deuxième part, juste pour la forme. « Je viens de comprendre un truc, tu es princesse Fiona et tu attends Shrek… » dit-il en attrapant la fourchette que tenait la jeune femme pour lui voler le bout de puncakes qui y était accroché. Bon, ce n’était peut-être pas, une bonne idée de la comparer à un ogre… Mais, elle lui volait sa bouffe, bordel. Pourtant, il y avait quelque chose d’autre, qui le tracassait. Quelque chose qui le perturbait surtout. « Tu sais, que quand tu mens, ton nez a un petit mouvement… On dirait ma sorcière bien-aimée… » Même s’il avait essayé d’être drôle, il ne souriait plus. Elle pouvait cacher aux autres, mais avec lui, elle pouvait baisser la garde. Elle pouvait arrêter de faire semblant. C’était son petit-ami qui était mort après tout. « Je vais reposer la question. Comment tu-vas ? »

Peu à peu Lottie se laissait porter par la situation. C'était comme ci il y avait eu un retour en arrière, comme ci les deux se retrouvaient l'un en face de l'autre pour la première fois. Sauf qu'à la différence cette fois-ci, c'est que les deux se connaissaient déjà. Et que depuis deux ans les choses avaient pas mal changé. Lottie commençait à retrouver le Rule qui l'avait abandonné du jour au lendemain, cet homme à qui elle était attachée, ce faux dur à cuire qui cachait un coeur au fond de lui. Cette si grande différence entre les deux, qui les a pourtant rendus si proche avant le départ de Rule en prison. C'est pour ça qu'elle ne pouvait pas lui en vouloir éternellement. Et puis elle se le cachait Lottie, il y avait quelque chose chez Rule qui l'attirait, elle l'aimait vraiment bien. Mais ça, elle n'a jamais voulus se l'avouer à elle même. Elle se laissa donc aller Lottie. Mais il fallait qu'elle arrive a rester crédible devant lui. Elle ne pouvait pas baisser sa garde si rapidement. Elle voulait des réponses. Des réponses aux questions qu'elle lui posait dans ses lettres. Elle voulait savoir pourquoi il avait baissé les bras si rapidement, et pourquoi du jour au lendemain il revenait comme ci rien ne c'était passé. Et pour elle c'est la solution la plus simple pour lui faire «payer» cet abandon ces petits piques. Au fond, elle non plus n'était plus totalement la même jeune fille, les évènements l'avaient bien chamboulé. "Drôle de métaphore. Y a quelques minutes si j'ai bien compris tu étais le prince charmant, et là tu te compares donc à Shrek?" Elle lui reprit la fourchette à la fin de sa phrase en piochant un autre bout de pancakes. Puisqu'il était parti en chercher d'autre, c'était bien fait pour se servir. Tout en mangeant elle l'écoutait parler, et là, échec et mat. Inconsciemment à la fin de sa phrase, elle se toucha le nez. Au final, Lottie remarqua qu'il savait encore l'atteindre en plein cœur. Elle était mal à l'aise, parler d'Harry c'était son point faible. Oui elle faisait la fille forte, mais au final la vérité finit toujours par la rattraper. Elle détourna le regard en direction de la vitre et regarder dans la rue. Et elle finit par se retourner vers lui "Tu attends à ce que je vienne pleurer dans tes bras car tu sais très bien que mon meilleur ami est mort, et que non je ne vais pas aussi bien que ce que j'ose prétendre ?" Elle finit par lui lâcher cette phrase sur un ton plus sec, l'atmosphère commençait à se détendre, et boom, on en revient toujours au même point de départ. Une part d'elle cherchait à fuir, mais une autre non. Elle finit par se lever se retournant vers Rule avant de se diriger vers le comptoir "Je vais me chercher quelque chose d'autre à boire, tu veux un truc?"

C’était presque de nouveau comme avant. Elle et lui dans ce petit café. Une conversation légère. Quelques petites blagues. Il avait presque l’impression d’être revenu deux ans et demi en arrière. Lorsqu’ils pouvaient rester des heures à parler ensemble de littérature, de la pluie et du beau temps, de la vie en général. C’était comme s'il n’avait jamais été en prison. Comme s’il n’y avait pas un tueur qui rôdait dans les rues de la ville. Mais c’était juste un presque… C’était sa faute s’il existait cette distance entre eux. C’était sa faute, s’il voyait encore de la colère dans ses yeux. La bonne nouvelle, c’était qu’il n’y était pour rien dans la mort de Harry. Enfin bonne nouvelle, n’étaient sans doute pas les meilleurs mots. Il ne fallait pas être devin pour voir qu’elle souffrait de la mort de son petit ami. Et c’était normal. Si à l’époque, il avait dû vivre de décès de Willow, il n’aurait jamais pu s’en remettre… Bon, il avait peut-être fait pire avec elle… Donc peut-être qu’il méritait de connaître une douleur comme celle de la jolie brune en face de lui. Cependant, il devait déjà rattraper son passé avec Lottie sans avoir à penser à tout son propre passé… Là, il faudrait sans doute un siècle pour rattraper toutes ses conneries. « Franchement, niveau physique, je suis même le roi charmant mais bon mentalement, je suis plus à la hauteur de Shenzi, Banzai et Ed que de Shrek… Quoiqu’après le sport, je dois sans doute avoir son odeur... » Encore une petite blague avant d’en venir au sujet sérieux. Elle pouvait mentir à tout le monde. Mais pas à lui. Ou peut-être que les gens étaient trop centrés sur eux-mêmes. Sur leur peur pour vraiment faire attention aux victimes et à leurs proches. Mais pas lui. Encore moins avec elle. Autant mettre les pieds dans le plat. Sauf qu’il ne s’attendait pas à ça. « Heu… Je … Heu… » Court-circuit dans son cerveau. Bip. Bip. Bip. En réalité, à ce stade-là, c’était un arrêt cardiaque. Meilleur ami ?!? C’était quoi ce bordel ? Elle avait dû se tromper. Quoique, elle savait sans doute mieux que lui qui était Harry. Mais, est-ce qu’il avait pu se tromper autant ? Mais, ils étaient toujours ensembles. Presque comme un couple. C’était Bagdad dans sa tête. Il ne l’avait même pas vu partir. Il devait se reprendre et vite. Lui dire qu’il était là. Qu’il voulait l’aider. Pourtant, il se leva et avant qu’elle puisse payer sa boisson, il donna un billet à la serveuse. Il était si proche d’elle, que son parfum faisait frémir ses sens. « Et il savait que tu étais amoureuse de lui ? »Ouai, j’ai oublié de préciser que sa bouche parlait plus vite que son cerveau. Ou peut-être que c’était la curiosité qui avait parlé…. Non, soyons honnête, c’était la jalousie qui venait de prendre le dessus. Ce sentiment qu’il connaissait très bien dans sa vie de tous les jours.

Le temps lui passait entre les doigts à la petite brune. Elle qui devait ne pas rester très longtemps ici. Ces parents s'inquiétait pour elle et ne supportait pas la savoir dehors le soir. Oui mais voilà, Lottie elle a grandi. C'est plus la petite fille qu'ils ont adopté il y a quelques années. Mais malgré tout avec Rule elle se sentait en sécurité. Même si ces parents avaient quelques aprioris sur le jeune homme Lottie avait essayé à plusieurs reprises de leur prouver que c'était quelqu'un de bien. Mais ça c'était avant la prison. Depuis son retour elle le fuyait, non par peur, c'était sa rancœur qui prenait le dessus. Et aujourd'hui c'était bien la première fois qu'ils se retrouvaient autant de temps l'un en face de l'autre. Lui redonner une chance? C'est peu à peu ce qu'elle était en train de faire. Sans vraiment trop lui donner sa confiance quand même. Petit à petit, l'oiseau fait son nid comme on le dit. Elle l'écoutait parler, elle voulait rigoler mais elle ne pouvait pas. Lottie pouvait pas jouer la carte de l'indifférence en vers lui, et baisser sa garde si rapidement en rigolant à ses blagues. Mais elle était contente de retrouver ce coté là de Rule, l'humour. "Ça va? Pas trop mal aux chevilles Monsieur? Les trois carrément, le dur à cuire, le meneur et l'idiot de la bande ? Tu m'en voudras pas de ne pas venir vérifier cette affirmation" Lottie lui sourit, c'était ça qu'elle aimait chez lui. Ces blagues aussi lui avait manqué. Mais cela dura un court instant. Elle aurait préféré ne jamais changer de conversation, ne jamais en venir ici. Vu sa réaction, il ne devait pas s'attendre à ce genre de réponse. Elle ne comprenait pas vraiment d'ailleurs, lui même devait savoir que la perte d'un proche faisait mal, et qu'on essayait tous de faire semblant d'aller bien les semaines qui suivaient. "Quoi? Tu t'attendais à quoi? Tu voulais savoir, maintenant tu le sais." Oui, aller au bar c'était comme fuir cette situation. De la pitié elle n'en voulait pas. Elle ne cessait d'avoir des gens autour d'elle avec ce regard, avec cette peine pour elle. Et elle en avait marre, elle voulait avancer, et chaque piqure de rappel la faisait reculer de deux pas. Elle eu juste le temps de commander que Rule était déjà là à côté d'elle pour régler la note. Il était si proche d'elle, que Lottie avait encore plus envie de fuir cette situation. Elle se décala en décrochant un signe de tête au jeune homme pour le remercier. "Amou... Quoi? C'est quoi votre problème à tous? Harry et moi on était pas amoureux l'un de l'autre. C'était mon meilleur ami, mon pilier, mon frère. C'est tout ça s'arrête là." Ce n'était pas la première fois qu'on lui faisait cette réflexion, et ça avait le don de l'énerver encore plus. De quoi je me mêle, les gens n'avaient donc aucune gêne. Déjà que perdre un proche est compliqué, alors devoir se justifier de la relation qu'elle avait avec Harry c'était encore pire que de devoir faire semblant d'aller bien.

C’était comme s’il n’y avait jamais eu de prison. Comme si les deux ans n’avaient jamais existé. Il n’avait jamais vraiment su, ce qui l’attirait chez la jeune femme. Sans doute sa beauté naturelle. Son innocence touchante. Ou peut-être la lueur dans ses yeux. Celle que tous les gens aux passés douloureux avaient. Peu importe, elle était comme une énigme qu’il devait résoudre. Comme un aimant qui attirait le métal. Avec elle, il était juste Rule. Le gars drôle sans prise de tête. Celui qui passe son temps à raconter des conneries pour amuser la galerie. Sans qu’elle s’en rende compte, elle faisait ressortir le meilleur de lui. C’était pour cela qu’il n’avait répondu à aucune de ses lettres. Pour elle, il voulait rester ce mec bien rencontrer dans un café. Un peu difficile quand son arrestation avait fait la une du journal de la ville. Bizarrement, son innocence avait fait moins de bruit. Peut-être que remettre un pauvre type dans la rue faisait peur aux gens. Pourtant, ce n’était pas pour ça qu’elle l’évitait. La preuve, même si elle avait été froide au début, la jolie brune était rapidement devenu taquineuse à son tour. Rentrant parfaitement dans son jeu. En même temps, ni l’un ni l’autre n’était susceptible. Tant qu’on restait dans la taquinerie. Pourtant, Rule avait senti que quelque chose n’allait pas. Qu’elle portait un masque. Et c’était normal. Elle venait de perdre son chéri… Non, son meilleur ami… Bordel. Il avait encore dû mal à croire qu’elle avait dit meilleur ami. Il en perdait même son français. Ce qui eut pour effet de froisser son amie et de la faire fuir. Il faut dire qu’il avait peu de tact… Voir pas du tout. Il fallait qu’il fasse pardonner mais bon, il parlait très souvent sans réfléchir. « Bien sûr que je crois en l’amitié fille-garçon. Regarde-nous. » Sans qu’il sache pourquoi, il eut envie de faire une grimace mais chassa ce sentiment pour continuer sa tirade. « Mais, que tu le veuilles ou non, il se passait quelque chose entre vous. Je me suis peut-être trompé… Peut-être que c’était purement amical. Mais, il y avait un lien entre vous. Il y avait quelque chose entre vous et peut-être qu’on pouvait pas comprendre mais est-ce que tu t’es déjà posé la question ? Pourquoi, est-ce que les gens pensaient que vous étiez en couple ? » C’est vrai quoi. Il ne pouvait s’être trompé autant. Au fond, est-ce que cela aurait changé quelque chose ? Il venait de quitter celle qui était la femme de sa vie. Il magouillait un peu trop pour être honnête. Oui, il y avait quelque chose qui l’attirait mais est-ce qu’il l’aurait abordé si elle était célibataire ? Peu importe, avec des si on referait le monde. « Par contre, tu devrais pas garder tous tes sentiments pour toi. Je suis peut-être pas ton ami, et je sais qu’un café ne rattrapera jamais un an d’absence mais je suis là. » Il fit demi-tour laissant de l’espace entre eux. Il voyait bien que cette proximité la mettait mal à l’aise. Lui aussi était assez perturbé par ce rapprochement imprévu. Il retourna s’asseoir, au pire, elle décidait de partir. Mais, c’était son choix.